Cinematheque Imaginaire
In 1990, j’ai eu l’occasion de rencontrer Satyajit Ray à Calcutta (aujourd’hui Kolkata) et lui ai demandé sa “Cinémathèque imaginaire” (ses films coups-de-coeur); je m’attendais à quelques films. Il me proposa de revenir deux jours après. Me voici chez lui et, wouaw, une liste de 43 films … Certains de ces films ont été montrés en parallèle à une rétrospective des films de Ray en 1993, à Bruxelles, au Musée du Cinéma, en même temps qu’une quadruple exposition que j’ai conçue : des dessins de Ray, une exposition sur l’architecture de Calcutta avec des photographies de Fabien de Cugnac, une sur les Portraits de Ray par Nemai Ghosh, et et et l’exposition Henri Cartier-Bresson en Inde.
Alok Nandi
- Charlie Chaplin – La ruée vers l’or
- Buster Keaton – Le mécano de la Gnrale
- Robert Flaherty – L’homme d’Aran
- Carl Dreyer – La passion de Jeanne d’Arc
- Fr. Wilhem Murnau – Nosferatu
- Nicola Ekk – Le chemin de la vie
- Alexandre Douvjenko – La terre
- Marc Donsko – L’enfance de Gorki
- Jean Renoir – La règle du jeu
- John Ford – La poursuite infernale
- Ernst Lubitsch – Haute pègre
- Ingmar Bergman – Cris et chuchotements
- Vittorio De Sica – Le voleur de bicyclette
- Michelangelo Antonioni – La nuit
- Federico Fellini – 8 1/2
- Max Ophüls – Lettre d’une inconnue
- Franck Capra – Mr. Smith au Sénat
- William Wyler – La vipère
- Billy Wilder – Assurance sur la mort
- Orson Welles – Citizen Kane
- John Huston – Le faucon maltais
- Lewis Millestone – Le commando de la mort
- Alfred Hitchcock – Fenêtre sur cour
- Sidney Lumet – Douze hommes en colère
- Rouben Mamoulian – Dr Jekyll et Mr Hide
- Milos Forman – Taking off
- Roman Polanski – Chinatown
- Stanley Kubrick 2001 – Odyssée de l’espace
- Alan J. Pakula – Klute
- Woody Allen – Intérieurs
- George Roy Hill – Butch Cassidy et le Kid
- David Lean – Les grandes espérances
- Carol Reed – Première désillusion
- Carlos Saura – Noces de sang
- Kozintsev – Le roi Lear
- Sergei M. Eisenstein – Ivan le Terrible
- Georges Rouquier – Farrebique
- François Truffaut – Les 400 coups
- Akira Kurosawa – Les sept samourais
- Yasujiro Ozu – Voyage à Tokyo
- Kenji Mizoguchi – Contes de la lune vague après la pluie
- Sam Wood – Une nuit à l’opéra
- Mark Sandrich – Top Hat
Une exposition virtuelle est proposée sur le site de la Cinémathèque française. En voici le texte d’introduction:
L’histoire commence ainsi : « En 1990, j’étais à Calcutta en repérages pour un livre portant sur l’architecture urbaine. Je me baladais un peu au hasard quand j’ai réalisé que j’étais dans la rue de Satyajit Ray. J’étais jeune, j’étais cinéphile, j’étais peut-être un peu inconscient, et j’ai sonné chez lui. Je lui ai parlé en bengali, ça l’a surpris et il m’a fait entrer. » Voilà comment le réalisateur et designer Alok b. Nandi est entré en contact avec Satyajit Ray. Une audace qui a débouché sur une conversation à bâtons rompus, pendant plusieurs heures.
De quoi ont-ils parlé ? De cinéma, évidemment. Ray est impressionnant de générosité, et Alok b. Nandi ose lui demander de rêver à son tour sa cinémathèque idéale, sans aucune limite. Le réalisateur accepte, demande un délai pour honorer son engagement, et lui confie deux jours plus tard, sans la commenter, une liste manuscrite de 43 films.
Comment et pourquoi les a-t-il choisis ? Comment, en Inde ou ailleurs, a-t-il eu accès à ces films ? En 1947, Ray fonde la Calcutta Film Society avec un autre réalisateur bengali, Chidananda Das Gupta. Le ciné-club va rapidement devenir un haut lieu de cinéphilie en Inde, à l’origine du rayonnement du cinéma mondial dans le pays. Fréquenté aussi bien par les intellectuels et futurs réalisateurs Ritwik Ghatak et Mrinal Sen, ce cercle permet à Ray de nourrir son amour pour le septième art. Il continue d’y voir et d’y revoir les grands classiques internationaux, dont certains se retrouvent dans sa liste. Satyajit Ray est aussi très souvent amené à voyager, notamment à Londres ou dans divers festivals, où il découvre encore davantage de cinématographies.
Ray est connu pour ses écrits, pour ses critiques et ses essais sur les cinémas du monde entier, pour sa connaissance et sa compréhension du monde occidental qu’il distille aussi dans ses réalisations. Il n’hésite pas à s’exprimer sur ses confrères, admirateur sincère de ses contemporains ou de ses prédécesseurs. Et toujours avec la plus parfaite honnêteté.
Voici cette liste. Visite de l’exposition sur le site cinematheque.fr
Remerciements chaleureux à Alok b. Nandi, qui a bien voulu nous consacrer un entretien téléphonique le 17 octobre 2016.